ien. Il n’y avait rien pour moi ici. Rien qui puisse satisfaire mon devoir. Je ne trouvais rien qui puisse m’aider sur mon étude de cette maison dite hantée par la plupart de ces gens vivant à Roosevelt Street. Rien ne pouvait m’aider. Aucun ouvrage, aucun site internet, aucun témoignage… Il me fallait donc m’y rendre avec mon sang froid et mon détecteur de PVE. Je m’affalais au fond de ma chaise, les bras pendant au derrière du dossier, la tête en arrière. Enfaite, je réalisais que je n’avais pas du tout la tête à toutes ces conneries. Je n’avais pas envie de bosser. Mon projet pouvait bien attendre, j’avais un mois et demi devant moi avant de rendre ce dossier de vingt pages exigées par mon professeur. Je me levais, les mains derrière la tête. Haletant. Non, il ne fallait pas que je cède au stresse, à la pression… aux larmes. Des choses, des voix, des restes de conversations, des phrases qui m’avaient marqué, des images, tout me traversait l’esprit dans un immense fracas depuis des jours. Je me sentais devenir fou. Avec mes mains et dans un hurlement rauque, je balayais la table de mon salon, où j’avais l’habitude de travailler, d’un geste assez violent. Mon grand-père me disait lorsque j’étais petit que la vie ressemblait aux fondations d’une maison, on commence par creuser le sol et petit à petit on colle les parpaings et si tout va bien on finit par le toit. Lorsque tout est construit, les finitions peuvent se mettre en place comme l’eau, l’électricité, le gaz. Mais si jamais un parpaing était mal placé, la maison risquait de s’effondrer, il ne faut pas le laisser de travers, alors il faut recommencer depuis l’erreur. En l’occurrence, il me manquait quelque chose, soit un parpaing, soit un besoin de recommencer à un endroit. Je crois bien que la deuxième solution est la plus appropriée. Je devenais complètement cinglé. Ava sonnait à ma porte pour me dire qu’elle est enceinte de moi, mes embrouilles à Phœnix qui s’accumulent, les types avec qui j’ai pu m’associer en matière de paranormal qui veulent ma peau au sujet d’un deal que nous avons soit disant eu avant une opération dans une ancienne usine de la ville. Et le soleil qui m’étouffait affreusement. Je commençais à me demander si j’étais réellement né ici. Je me sentais faible et incroyablement inutile à quoique ce soit. Il fallait que je me change les idées par-dessus n’importe lequel de mes soucis. Le bar le plus proche me semblait être une excellente idée après une balade en voiture, la fenêtre grande ouverte. Je sortais en prenant soin de fermer les trois verrous de ma porte d’entrée ainsi que la serrure à double tours, comme je le faisais à chaque fois que je mettais le nez dehors. C’était pour moi une simple mesure de précaution, je possédais des documents que certains idiots accros au spiritisme auraient donné de leur vie pour les obtenir. C’était entre autres la raison pour laquelle j’étais… dans la merde. Phoenix. J’avais moyennement foi en cette ville. Le désert, les cactus, l’air bouillant, le vent inexistant… Cette ville que je voyais comme un bon vieux western dans le genre borsalino et P38. C’était peut-être aussi parce que des abrutis me poursuivaient au sujet d’informations pour lesquelles j’étais autant avancé qu’eux. Peut-être même moins, d’ailleurs. Je ne suis qu’un étudiant. Un panneau m’alertait : « Scottsdale, 30km. » Je regardais dans le rétroviseur, puis je tournais carrément la tête pour regarder à travers la vitre arrière. Bon sang. J’étais sorti de Phoenix sans m’en rendre compte. Je soupirais. Je n’avais décidément pas les idées claires et mon inconscient paraissait déterminé à l’idée de m’envoyer promener en direction de ma ville natale. Je regardais l’heure sur le cadrant du lecteur CD, il était quinze heures quarante-huit. De quoi, peut-être, revoir de vieux amis…ou camarades. Je me garais à l’entrée du centre-ville pour me rendre au premier café qui venait. Une super dose de whisky m’aurait convenu, mais je préférais m’orienter vers du sucré pour l’heure. Je ressortais de la boutique avec de la glace pilée aromatisée aux fruits exotiques. Deux choses qui ne me ressemblaient absolument pas : de la glace et cet arôme. J’avais passé commande en lisant la première ligne du tableau affiché sous le plafond, derrière le présentoir. Maintenant que j’étais à Scottsdale, que j’avais cette glace que je laissais presque fondre dans ma main gauche et mon portable dans l’autre, je ne savais plus quoi faire. Pour me tirer d’affaire, mon portable se mit à vibrer, je regardais le numéro, décrochais quand mon coude heurta une personne à côté de moi. Mon téléphone vola et vint se briser en plusieurs morceaux sur le bord de la route. Je me tournais vers la personne à qui je venais de donner le coup. « Je suis déso… » Limite, ce n’était pas à moi de m’excuser, mais à la personne qui m’avait bousculé. J’allais soudainement réfléchir lorsque son visage m’apparût. « …lé. » Ava Winters se présentait juste devant moi. La poisse m’aimait beaucoup trop, j’en devenais de plus en plus conscient.
« What the hell... Are u doing here ?! » « I fuckin' live here, jerk ! »