« Aidan, je te présente Asthryd, ma petite sœur, Asthryd, je te présente Aidan, mon colocataire. » La brunette pinça légèrement les lèvres dans un sourire discret tout en serrant la main que lui tendait le dit colocataire de son frère. « Enchantée. » Elle laissa son sourire l’élargir alors que lui, il baissait les yeux vers le sol, l’air quelque peu gêné par la situation. « Moi aussi » Elle jeta un coup d’œil à son frère qui venait d’attraper sa veste comme s’il était prêt à partir, ce n’était même pas qu’une impression. Il attrapa ses clefs avant de s’avancer vers la porte. « Je dois aller bosser. À plus tard. » Il quitta l’appartement, laissant Asthryd et Aidan rien que tout les deux. Une situation assez étrange en fait. Ils restèrent un petit moment assis sur le canapé comme deux imbéciles avant que Aidan ne se décide enfin à ouvrir la bouche. « Alors, tu vas rester quelques temps ici ? » Elle tourna la tête vers lui avant d’acquiescer rapidement. « Oui, j’espère que ça ne dérange pas. J’ai pas vraiment d’autres endroit où aller. » Il haussa les épaules, d’une façon ou d’une autre il n’allait pas la mettre dehors, elle était la sœur de son colocataire et ils avaient une chambre de libre. « Pas du tout. Et qu’est-ce qui t’amène ici ? » Elle haussa les épaules avant de se laisser tomber dans le fond du canapé. « A Scottsdale ou dans cet appartement ? » Il imita le geste de la jeune femme, s’appuyant dans le fond du canapé. « Dans cet appartement. Je suppose que comme ton frère, tu es as Scottsdale puisque tu es née ici et qui tu n‘as jamais eu envie de déménager. » Elle lui adressa un léger sourire. « À vrai dire pas tout à fait. J’avais un appartement sur Phoenix il y a encore quelques temps. Mais c’était avec mon petit ami et ça s’est mal passé alors j’ai pris mes affaires et je suis partie. » Son impulsivité légendaire finirait sans doute par la tuer, tout autant que la fierté qui l’empêcher de revenir dans un appartement qui après tout, était le sien aussi. « Oh, je vois. C’est bête. » Il ne trouva rien de plus construit à raconter. C’était un peu bizarre comme situation, pour lui comme pour elle. Ils ne se connaissaient absolument pas alors tenir une discussion n’était pas chose aisée.

Le temps avait passé. Elle aurait du rester quelques semaines et la voilà officiellement installée depuis presque un an. Une colocation qui marchait plutôt bien d’ailleurs, qu’ils appréciaient tous les trois. Ce soir là, elle avait rendez-vous avec son petit ami et son frère travaillait tard. Aidan était censé être seul à l’appartement. C’était le cas, avant qu’Asthryd ne débarque violemment, claquant la porte derrière pour venir se poser brusquement dans le canapé. « Des pop-corn ? » Il tendit le saladier qu’il avait sur les genoux vers elle. Elle regarda les dit pop-corn, un sourcil haussé avant de décroisés ses bras et de plonger la main dans le saladier. Il récupéra les pop-corn et tourna la tête vers la télé, ne pouvant s’empêcher de lui jeter des coups d’œil, plus ou moins discret. Elle fixait l’écran l’air agacée. « Tu veux en parler ? » En posant cette question il savait qu’il prenait le risque de réveiller la bombe à retardement qui sommeillait en elle. Elle lui lança un regard noir si bien qu’il retourna la tête vers la télé sans ajouter le moindre mot. Au bout d’un moment elle laissa échapper un soupire et un bruit sourd retenti dans la pièce, sans doute ses chaussures qui volaient à travers la pièce mais Aidan ne se risqua pas à vérifier cette hypothèse. Il restait accroché à l’écran avec autant de force que possible, même quand le canapé s’affaissa juste à côté de lui. Il vit la main de la jeune femme plonger dans les pop-corn, il n’osait toujours pas la regarder alors même qu’elle était assise à côté de lui. Trop proche de lui d’après son propre avis. « J’en ai marre, tous les mecs sur lesquels je tombe sont des abrutis finis. C’est quoi mon problème ? » Il ne savait pas si c’était une question rhétorique ou non, mais dans le doute il préféra ne rien répondre. Sans doute la bonne décision parce qu’elle finit par reprendre la parole. « C’est peut-être moi la grosse abrutie finalement. J’ai plus qu’à finir vieille fille avec plein de chat parce que je suis pas prêtre de connaitre le grand amour, de me marier et d’avoir des enfants. » Elle soupira. Cette fois il fallait qu’il trouve quelque chose à dire, mais ce n’était pas son fort. « Mais non, dit pas ça. » Il s’en voulait déjà d’avoir dit ça. Il pouvait difficilement faire pire comme paroles réconfortantes. Il fallait qu’il dise autre chose mais quoi ? « J’veux dire. Tu es une fille jolie … » Il marqua un temps d’arrêt avant de reprendre brusquement « Cool, je voulais dire cool. Mais tu es jolie aussi, enfin bref. Je crois juste que tu cherches peut-être pas au bon endroit, le bon type est peut-être pas là où tu pourrais l’imaginer. Je sais pas, il pourrait être … je sais pas. » il fuyait à nouveau son regard, définitivement gêné par la situation et ayant l’impression d’être un parfait imbécile. elle le fixait un sourcil arqué. « Tu crois qu’il pourrait être … Sur le canapé ? » Il se décida à poser son regard sur elle, il haussa les épaules. « le canapé ? Tu veux dire, sur notre canapé ? » Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. « Oui, j’ai pas l’habitude d’aller voir sur celui des voisins, donc, oui, sur le notre. » Il détourna à nouveau les yeux, hésitant un long moment. « Alors oui, peut-être. » Le sourire sur les lèvres de la jeune femme s’étira. Finalement, il avait raison, si elle avait cherché moins loin, elle aurait trouvé un type bien plus rapidement. Sans rien ajouter, elle embrassa le jeune homme, la soirée n’était finalement pas si mauvaise que ça.

Ça faisait des heures qu’elle était assise sur le lit de son frère, sans rien dire, sans bouger ne serait-ce qu’un cil, le regard perdu dans le vide, le visage dénué d’expression. Aidan ne savait pas quoi faire. Il l’aimait. Il était son petit ami depuis quelques temps déjà, il aurait du savoir quoi faire. Pourtant il avait beau retourner la question dans sa tête à l’infini, il ne trouvait aucune réponse. Elle venait de perdre son frère, il n’y avait pas de façon facile d’aborder les choses. Il était assis dans le canapé depuis un long moment quand il leva la tête, la voyant enfin sortir pour aller dans leur chambre à eux. Peut-être était-ce bon signe. Au bout de quelques minutes il la vit ressortir avec une valise derrière elle. Il se leva d’un bout d’un canapé, la regardant on-ne-peut-plus surpris. « Qu’est-ce que tu fais avec ça ? » Elle lâcha sa valise pour attraper sa veste et son sac à main avant de se tourner vers lui. « J’en sais rien. J’ai besoin d’air, j’ai besoin de m’éloigner. Je suis désolée. » Il ne comprenait pas vraiment ce qu’elle disait par là, ou du moins, il mit quelques secondes avant de comprendre, si bien qu’un léger silence s’installa entre eux deux avant qu’il ne parle enfin. « Tu pars genre … sans moi ? » Elle baissa les yeux vers le sol, hésitante. « Ce sera mieux comme ça. Tu as une vie et un boulot stable ici. Tu es quelqu’un de très stable. Moi je suis uns gamine débile qui vit au grés de ses envies sans se poser de question. Je ne pèse jamais le pour et le contre, quand j’ai envie de faire quelque chose, je le fais. Je ne suis pas saine pour toi et j’ai envie d’aller en Australie. » Il haussa les sourcils. « Qu’est-ce que tu veux aller faire en Australie ? » Elle était en train de devenir folle, c’était presque la seule explication qu’il avait quant à la situation. Personne de censé ne partait en Australie sur un coup de tête. « J’en sais rien. J’ai envie d’aller en Australie. L’Amérique m’a pris mon frère alors, je vais en Australie. » C’était insensé. Stupide et complètement irréfléchi, mais il l’a connaissait si elle voulait aller en Australie, elle irait en Australie, même si c’était pour se rendre compte une fois sur place qu’elle n’avait rien à faire là-bas. « Ok. » Il eu un léger moment d’hésitation, cherchant les mots corrects pour ne pas la froisser, elle qui était déjà pas très en forme depuis la mort de son frère. « Tu ne peux pas aller en Australie. Tu as un boulot ici, des amis, de la famille, moi. Et en tant que petit ami je te dirais que j’ai pas envie que tu partes. Mais en tant qu’ami, je te dirais que c’est une idée vraiment stupide. » Il attendait qu’elle s’énerve et pourtant elle haussa les épaules. « Tant pis, je pars. Je suis désolée. Ne m’attends pas. Refait ta vie. Après l’Australie, j’irais peut-être au japon ou en inde, pourquoi pas les deux ? » Elle lui adressa un nouveau sourire avant de quitter l’appartement. Il n’eut pas le temps de la rattraper trop perdu et confus par ses paroles pour lui courir après et sans doute persuadé qu’elle reviendrait bien vite, mais elle n’en fit rien.