OUATE DE PHOQUE
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∞ i'll hold on to this moment you know (n.&p.)

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Posy-Joyce A. Rhodes

« Posy-Joyce A. Rhodes »
fonda ∞ the dancing queen

mais j'trouve pas de refrain à notre histoire
tous les mots qui me viennent sont dérisoires..

∞ âge : 23 ans

∞ pseudo : .YESTERDAY (anais)

∞ messages : 599


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MessageSujet: ∞ i'll hold on to this moment you know (n.&p.) ∞ i'll hold on to this moment you know (n.&p.) EmptySam 19 Jan - 22:58



All the streets where I walked alone
with nowhere to go have come to an end.

♬ ♪ ♩
Neven R. Ells-Williams & Posy-Joyce A. Rhodes

I don't want this moment to ever end were everything's nothing without you. I wait here forever just to see you smile. 'Cause it's true, I am nothing without you. Through it all, I've made my mistakes, I stumble and fall; but I mean these words... I want you to know with everything I won't let this go! These words are my heart and soul.

Allongée sur son lit depuis quelques heures déjà, Posy avait le regard perdu dans le vide. En bas, elle entendait ses sœurs et son père préparer les décorations de Noël. Ou plutôt, son père essayant de séparer les deux furies qui se disputaient pour une énième broutille. La routine des fêtes, somme toute. Les fêtes... Le moment préféré de l'année de la jeune-femme. Depuis sa naissance, Posy avait en effet toujours accordé une place spéciale à Noël dans son cœur. C'était la fête la plus magique au monde, selon elle. Et, en temps normal, elle aussi aurait été en bas à s'amuser des bêtises de ses sœurs et superviser le bon déroulement des opérations dans la joie et la bonne humeur. Mais, aujourd'hui le cœur n'y était pas. Il n'y était plus à vrai dire. Plus depuis qu'elle avait croisé Neven, par hasard, au détour d'une rue de Scottsdale. « Et je t'aurai oubliée » Ces quelques mots tournaient en boucle dans sa tête, telle une litanie se répétant sans fin. Une douleur aigre-douce prenant possession de tout son être quand elle repensait au regard haineux que Neven avait posé sur elle. Toute cette répugnance qu'il avait eue à son contact, toutes ces récriminations... Tout ce qui faisait qu'il ne la voyait plus comme son amie, sa compagne de route, ou encore sa plus proche confidente. Or, il avait raison en un sens : égoïste. Elle l'avait été, et elle l'était toujours en y réfléchissant bien. Trop fière ou inconsciente que pour réfléchir plus de deux secondes à quelqu'un d'autre qu'à sa petite personne. « J’pars. Demain. Tu pourras rentrer dans des gens tranquillement, faire ta vie comme tu l’entends. Juste… loin de moi. » Loin de lui. Un poids comprima la poitrine de la jeune-femme, l'empêchant de respirer normalement. Comme une entrave, alors qu'elle prenait conscience pour la centième fois de la soirée de la signification de ces simples mots. Loin de lui. Rien n'avait jamais été plus difficile pour elle que de rester loin de lui. Et maintenant qu'elle le retrouvait enfin, elle n'avait pas envie de rester à l'écart. Toutes les parcelles de sa pauvre âme torturée lui rappelaient à chaque seconde qui s'écoulait qu'il était dans la même ville qu'elle. Là, tout proche. Mais plus pour longtemps. Il s'en allait demain déjà. Demain... Posy soupira, tandis qu'une larme solitaire s'échappait de son œil. Ça ne pouvait pas se finir comme ça, si ? Allaient-ils vraiment se quitter pour toujours sur une dispute ? Sur cette haine et incompréhension totale de quelques heures plus tôt ? Elle trouvait cela tellement rageant, tellement dommage et tellement triste à la fois qu'ils continûment leur route de cette manière. Eux qui avaient eu l'habitude d'être si liés, en phase l'un avec l'autre- comme continuellement sur la même longueur d'onde. Eux qui pas une fois ne s'étaient disputés en trois années d'amitié. Eux qui avaient su trouver le compagnon et l'ami idéal en l'autre... Un beau gâchis orchestré par sa faiblesse à elle, finalement. Faible, elle ne voulait plus l'être. Elle voulait se battre pour leur amitié, pour Neven aussi. Lui prouver qu'il en valait la peine, que jamais elle n'avait regretté d'être partie avec lui. Lui prouver qu'elle n'en avait pas eu rien à faire de ce qu'ils avaient vécu. Oui, mais lui prouver comment ? C'était bien beau tout cela, seulement il lui avait bien fait comprendre que jamais elle ne pourrait faire amende honorable. Que jamais plus elle ne trouverait grâce à ses yeux. Qu'au fond, il n'en avait plus rien à faire à présent...

« POSY ! Descends manger ou tu n'auras riiiiiiiiieeeeeen ! » Perdue dans ses pensées, la demoiselle en avait oublié le monde qui l'entourait; allant même jusqu'à occulter le bruit monstre que sa famille faisait à l'étage du dessous. Face à cet appel charmant et gracieux émanant d'Eriin, elle se décida tout de même à se lever- non sans soupirer au passage. Elle n'avait, en effet, aucune envie d'affronter sa famille là tout de suite. Les connaissant, ils ne tarderaient pas à voir que quelque chose clochait. Or, elle ne se sentait pas la force de leur mentir. Pas aujourd'hui. Elle n'en avait plus ni l'envie, ni le courage. Malheureusement pour elle, se terrer dans son lit n'étant pas non plus une solution les connaissant, elle finit par sortir de sa chambre- après s'être rendue figure plus ou moins humaine au préalable. Descendant ensuite les escaliers, elle finit par arriver dans la salle-à-manger et s'installa à table dans l'attente du repas. « Non mais Posy, t'es pas la reine ici. Tu pourrais aider à mettre la table au moins. » Levant à peine le regard vers son aînée, Posy se retint de faire remarquer que pendant des années ça avait été elle qui s'était occupée de tenir cette maison un tant soit peu sur pieds. Mais elle ne voulait pas déclencher d'esclandre, aussi ne laissa-t-elle que son regard parler pour elle. De toute façon, il était inutile de discuter avec Eriin. Plus maintenant, alors qu'elle lui en voulait toujours d'être partie étudier loin d'ici. Une personne de plus lui en voulant sa lâcheté en définitive. Pourtant, les incessantes piques de sa sœur ne l'atteignaient pas aussi facilement que la rancœur de Neven. Peut-être parce qu'au fond d'elle-même elle avait conscience qu'Eriin finirait par lui pardonner. Qu'après tout, elles étaient sœurs et qu'au final c'était ça qui allait compter. Tandis que dans le cas de Neven, elle avait l'impression de l'avoir perdu pour toujours. Neven... Comme sortant quelque peu de sa torpeur, Posy posa le regard tout autour d'elle, s'attardant à peine plus d'une seconde sur touts les souvenirs dont la pièce était chargée. Des souvenirs magnifiques qu'elle partageait avec chaque membre de cette famille. Cette famille dont elle faisait partie... Des souvenirs chers à son cœur. En cet instant, elle avait pourtant l'impression de se retrouver dans le faux ; comme si tout cela n'était que du vent. Rien en comparaison de ce qu'elle avait vécu sur la route avec Neven. Rien d'aussi beau. Rien d'aussi pur ou d'aussi vrai. « Ne m'attendez pas pour manger. A toute à l'heure. » Et sans plus de cérémonie, Posy s'en alla ; plantant là une Eriin furibonde. Elle ne prit même pas la peine de remonter chercher une veste- à quoi bon, vu la chaleur ambiante du pays- et sortit directement au grand air. Elle avait compris, enfin, qu'elle se devait d'essayer encore une fois de convaincre Neven. Une toute dernière fois, en mémoire de touts ces souvenirs qu'ils avaient partagé. Tout ce qu'elle avait si vite abandonné, ne se rendant pas bien compte de ce qu'elle allait alors perdre.

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à trouver Neven. Heureusement pour elle, elle avait déjà une petite idée de l'hôtel dans lequel il était descendu, étant donné la direction qu'il avait pris tout à l'heure et ses tendance en matière de logement. Sans plus tarder, elle prit la voiture de son père- il ne lui en voudrait sûrement pas- et se mit en direction de l'endroit où elle pensait avoir une chance de retrouver celui qu'elle ne pouvait se résoudre à appeler autrement que son ami, en dépit de tout ce qu'il s'était passé et de tout ce qu'elle avait pu briser entre eux. Une fois à bon port, elle prit un instant pour observer la vieille bâtisse se trouvant devant ses yeux. Anonyme, semblant sortir d'un autre âge et surtout pas cher la nuit. Assurément, Neven s'y retrouvait. N'était-ce d'ailleurs pas sa voiture qu'elle apercevait, plus loin sur le parking ? Maintenant, restait à savoir dans quelle chambre il se trouvait. Un tour au guichet s'avérait donc indispensable. « Excusez-moi, j'aurais besoin d'un renseignement sur l'un de vos locataires s'il-vous plaît. » Heureusement pour elle, l'établissement possédait un guichetier de nuit. L'homme n'était pas très avenant, par contre et sembla rechigner à vouloir l'aider. Elle dû faire preuve de toute la candeur et la persuasion dont elle était capable pour arriver à ses fins. Ce qui finit par payer puisque, pas loin d'une demi-heure plus tard, elle prenait la direction de la chambre qu'elle savait à présent être celle de Neven. Tout aussi déterminée qu'elle fut, Posy ressentit un moment de panique une fois arrivée devant la porte. Tout d'un coup, elle se demandait ce qu'elle fichait ici. Neven ne voulait plus la voir et le lui avait bien fait comprendre, pas plus tard que cette après-midi même. Alors, pourquoi s'infligeait-elle ce qui allait être un nouvel échec ? Une nouvelle occasion pour le jeune-homme de lui démontrer à quel point elle ne le méritait pas. A quel point elle avait été égoïste... Dix nouvelles minutes passèrent ainsi, sans qu'elle ne sache faire quoique ce soit d'autre que de fixer cette fichue porte. Tétanisée. Puis, après plusieurs tentatives échouées, Posy réussi à se reprendre. Souffler. Se calmer. Et penser à toutes les raisons qui faisaient qu'elle ne pouvait pas abandonner comme ça. Quelle ne devait pas abandonner leur amitié. Ce qu'elle allait dire à Neven ? Elle n'en avait aucune fichtre idée, mais elle aviserait sur le moment. Elle refusait de continuer à réfléchir plus longtemps, de peur de ne jamais trouver le courage de l'affronter et d'ainsi le perdre. Pour toujours. Ce fut cette dernière pensée qui la poussa finalement à frapper sur le bois défraîchit de la porte. Cette peur de perdre celui qui comptait le plus pour elle, à nouveau. Dix secondes, vingt. Elle entendit des pas se rapprocher de la porte. Une démarche lourde. Une démarche d'homme. Une démarche qu'elle connaissait par cœur. Trente secondes. La poignée tournait enfin, coupant presque le souffle de Posy qui dû se faire violence pour respirer normalement. Sereinement... Ou presque. Et voilà qu'il se tenait devant elle, torse nu et quelque peu décontenancé. Il ne s'était certainement pas attendu à la voir ici, sur son palier ; alors qu'il lui avait presque ordonné de le laisser tranquille. « Ce n'était pas rien... » La voix de la demoiselle avait déraillé sous l'émotion, rendant sa réplique un murmure à peine compréhensible. Énervée de se montrer à nouveau si vulnérable devant lui, Posy tenta de se reprendre. Son regard vrillant celui de Neven, elle continua. « Ce qu'on a vécu, je veux dire. Notre amitié. Tout ça, ce n'était pas rien. Je sais que tu m'en veux et tu as le droit : j'ai été lâche. J'ai fui, misérablement. Mais je ne veux plus être un fuyarde. Je ne veux plus être lâche. Et puis surtout, je veux te prouver que ce n'était pas rien nous deux ! » Peut-être aurait-elle dû réfléchir à son discours d'introduction, finalement. Parce que là, elle devait avoir l'air pathétique avec son air mi-désespéré, mi-borné à répéter que « ce n'était pas rien ». D'un autre côté, c'était ce qu'elle ruminait depuis des heures déjà. Un cri du cœur, aussi spontané qu'idiot. A nouveau, elle se livrait à Neven. Elle se mettait à nu, ou presque. A Nouveau, elle espérait qu'il y ait une amélioration. A croire qu'elle ne se rendait pas vraiment compte qu'elle avait commis l'irréparable ou qu'elle ne voulait tout simplement pas l'admettre.
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Neven R. Ells-Williams

« Neven R. Ells-Williams »
Membre ∞ la famille des phoques

I don't ever want to let you down. I don't ever want to leave this town, 'cause after all this city never sleeps at night.


∞ âge : vingt-six ans.

∞ pseudo : MARY-W. +marie.

∞ messages : 919


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MessageSujet: Re: ∞ i'll hold on to this moment you know (n.&p.) ∞ i'll hold on to this moment you know (n.&p.) EmptyMar 22 Jan - 15:30


i'll hold on to this moment you know
posy-joyce a. rhodes & neven r. ells-williams
thought there's distance and there's silence.
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Il avait l’alcool mauvais, décidemment ! C’était la dernière phrase que Vesper avait pesté avant de quitter la chambre de motel avec empressement, sans même se donner la peine d’embarquer son téléphone ni même son portefeuille : pratique, pour quelqu’un qui avait hurlé qu’elle allait chercher de quoi manger, à défaut que son cousin en soit capable. Ça lui ressemblait totalement, et une fois calmée, elle reviendrait la bouche en cœur et l’air minaudant sans pour autant avouer ses torts et le fait stupide et ironique, qu’elle avait oublié son portefeuille. L’eau crépitait avec rage, soulevant des volutes de chaleur à mesure que les gouttes s’écrasaient contre le parterre froid de la douche : visage plongé sous le jet d’eau, cheveux trempés, Neven tentait de remettre ses idées en place. Lui, était rentré depuis un peu plus d’une heure et il n’avait pas fallu longtemps avant qu’il ne s’énerve après sa cousine, lui balançant qu’elle avait eu la pire idée du monde à venir ici, qu’elle ferait mieux de retourner à son université de gamine pourrie gâtée plutôt que de continuer à lui traîner dans les pattes. Aussi rares qu’elles étaient, les disputes entre le jeune homme et sa cousine étaient toujours d’une violence à en faire pâlir plus d’un : leurs deux forts caractères entraient alors brusquement en collision, pour se chercher avidement, avant de se trouver en de grands éclats qui les laissaient fâchés pendant quelques heures. Pourtant, cette fois-là, la mauvaise humeur coincée au fond de ses entrailles en une boule de nerf dont il n’arrivait pas à se défaire, Neven en était arrivé au stade où il espérait que Vesper n’ait pas fait de connerie : sans ses affaires, ça ne risquait pas, mais elle était parfois assez imprévisible et têtue pour commettre les pires folies qui soient. Rien que par orgueil, il l’imaginait facilement vendre son corps au premier venu contre un ticket de bus pour faire comprendre à son cousin qu’elle était capable de se débrouiller sans lui : ils étaient comme ça dans sa famille, toujours à chercher à avoir raison, à prouver quelque chose. C’est ce qui avait fait que Neven s’acharnait à vivre sans les siens, à creuser la distance entre ses souvenirs d’enfance et celui qu’il pouvait être devenu. Et qu’est-ce qu’il était au final ? Un vagabond dans un motel ? Pas grand-chose de plus, en tout cas. Ce n’était pas faute pourtant d’avoir fait de bonnes études, d’avoir brillamment réussi celles-ci et d’avoir assez de potentiel pour se poser dans une vie stable et normale. Mais à quoi bon ? De moins en moins, la perspective d’une vie pareille ne semblait valoir la peine, et l’existence sans intérêt ni but qu’il avait sur les routes, semblait être la meilleure option pour lui. Gagner quelques billets en jouant à des jeux d’argent, parfois en stagnant dans une ville en faisant un petit boulot, mais ne jamais s’arrêter. Continuer. Continuer et ne pas se retourner. Cette vie lui convenait, et ne semblait convenir qu’à lui ; et parfois, une fois sur deux, à Vesper, qui s’amusait à croire jouir d’une certaine liberté vis-à-vis de la prise impérieuse du monde sur les êtres humains. La triste réalité, il la connaissait à présent : à avancer comme ça, il se promettait une certaine existence solitaire, celle à laquelle on ne s’accrochait jamais vraiment. Celle qui finissait par en pâtir, forcément. A moins qu’il en devienne asocial, à se couper du monde et des potentielles trahisons qui viendraient investir sa vie. C’était trop tard pour ça, alors que Posy envahissait son esprit, que les paroles qu’ils avaient échangées tournaient dans sa tête : il avait essayé de noyer les événements de la journée avec des verres et des verres de whisky. Mais pourtant, malgré ses efforts, le sentiment d’être encore torturé par les phrases de la jeune femme, par celles qu’il avait prononcées lui-même, la vérité qui lui était tombée en pleine face, était toujours là ; grisant, au creux de ses tripes.

Ses esprits à peu près revenus à leur état initial, Neven coupa l’eau – avant qu’il n’y ait plus d’eau chaude, une raison supplémentaire pour que Vesper lui fasse la tronche pendant toute la journée du lendemain – cherchant à tâtons la serviette qu’il avait spécialement réservée pour l’occasion : ils vivaient ici leur dernière soirée dans ce motel et ça, toute la parcelle fière du jeune homme se l’était promis. Dès les premières heures du lendemain, ils partiraient, sans perdre plus de temps : c’était bien la première fois, dans sa vie sans règles et sans but précis, qu’il estimait avoir fait des kilomètres pour rien, avoir stagné dans une ville pour finalement du vent, et avoir perdu les précieux jours de sa vie. Non pas qu’il ait un quelconque chronomètre tatoué sur son bras - contrairement aux types du film qu’ils avaient regardé la veille, en ricanant sur l’intrigue risible que prenait la seconde partie de ce navet – mais ses simples retrouvailles avec une Posy hésitante et larmoyante avait suffi à lui faire comprendre que le détour n’en avait pas valu la peine. Il ne trouvait rien de mieux à faire qu’estimer que toute cette histoire n’était que de la responsabilité de Vesper elle-même, et de l’insistance lascive qu’elle avait mise en œuvre pour qu’il daigne venir s’enterrer dans un trou pareil. Scottsdale, là où il ne remettrait jamais les pieds en somme, ni même en Arizona, rien que pour ne pas risquer de croiser Posy, qui aurait fait une énième fugue de chez elle pour une raison x ou y, totalement ridicule. Comme les prétextes qu’elle lui avait vaguement servis, d’une voix hésitante, pour expliquer son départ soudain, la manière dont elle avait agi en se barrant du jour au lendemain sans daigner donner signe de vie. Visiblement, dans leur face à face, elle avait eu le malheur de penser qu’il serait clément d’une certaine manière, compréhensif et empathique au point de larmoyer avec elle sur la misérable vie qu’elle avait, pauvre petite malade qu’elle était, condamnée à mourir comme chaque être qui naissait sur cette planète. Il avait cru qu’elle en avait été consciente, bien avant de prendre la fuite ainsi, de revenir s’enterrer dans les jupes de ses parents, mais il n’en était rien : Posy c’était juste une rêveuse parmi tant d’autres, qui avait peut-être espéré être immortelle, mais qui, en tout cas, ne supportait pas la simple idée que le temps avait une ascendance sur elle et sur la vie qu’elle menait sur cette basse planète. Ou alors, c’était tout simplement le meilleur prétexte qu’elle avait trouvé, pour remplacer la triste vérité : le désintérêt total qu’elle avait eu pour les années qu’ils avaient partagé, Neven et elle ; pour son indifférence vis-à-vis de ce qu’ils avaient pu partager, de l’amitié ou n’importe quoi d’autre. Il oscillait ainsi dans un océan de doutes, d’incompréhensions quand il pensait à la jeune femme, à comment elle avait pu vivre quelques années avec lui, partager son mode de vie, sa vision des choses ; à comment elle avait tout lâché, comment elle l’avait lâché lui sans sembler hésiter un seul instant. Les mots que Posy avait pu prononcer comme excuses, comme promesses de vérité pure et dure, il ne parvenait pas à les saisir ainsi, elles tournaient, tournaient jusqu’à vriller chaque parcelle de son esprit, mais rien ne sonnait comme une parole authentique, à laquelle il pouvait se raccrocher pour oublier les semaines, les mois de questionnements qui l’avaient irrémédiablement amené ici. A quoi bon, de toute manière ? Elle n’en avait sans doute rien à faire de ce qu’il pensait de ses décisions, ou de comment il vivait les choix de la jeune femme, sinon, elle se serait peut-être donnée la peine de lui expliquer ses actes, son départ, avant d’avoir à se retrouver face à lui sans même y avoir été préparée. Elle lui aurait parlé, aurait essayé en tout cas, quand il en avait été encore temps : être le bon samaritain qui pardonne tout, ce n’était pas son truc, et pour Posy au final, il découvrait simplement que l’acceptation était encore plus difficile.

Heureusement qu’il n’avait jamais eu pour ambition de devenir prêtre : il en aurait fait un bien misérable, de toute manière et il aimait trop les petits plaisirs de la vie pour leur préférer une quelconque dévotion à une autorité supérieure quelle qu’elle soit. Celle-ci lui en faisait bien baver de toute manière, à croire qu’on lui rendait bien la monnaie de sa pièce, le prix d’une quelconque liberté, d’un mode de vie choisi et tout sauf recommandable. Tant pis. Serviette autour de la taille, il sortit de la salle de bain, cherchant vaguement dans ses affaires pour commencer à se rhabiller : il allait sans doute devoir sortir d’ici peu pour chercher Vesper dans chaque recoin de la ville – sans avoir aucun moyen d’entrer en contact avec elle, bien entendu, sinon le jeu ne serait pas amusant. Il s’était sans doute assez bourré la gueule pour la soirée, et la lassitude s’était transformée en une vague fatigue qu’il allait devoir vite chasser. Plus vite qu’il ne l’imaginait, alors qu’il croyait pouvoir un tant soit peu profiter d’une reposante solitude un moment durant. Mais il venait tout juste d’enfiler son pantalon qu’on frappa à sa porte, le ramenant brutalement sur la planète terre, au milieu de cette chambre de motel à peine éclairée, et vide de tout intérêt quand il y était seul. A croire qu’il ne pouvait s’empêcher d’entraîner quelqu’un dans sa décadence si particulière : d’abord Posy, et puis Vesper. Il se pensait souvent bien stupide, de croire que cette vie-là leur convenait : osait-il au moins espérer que Vesper aurait plus de tripes que Posy, assez pour lui annoncer son départ le jour où elle déciderait de le laisser poursuivre seul son chemin. Elle au moins, n’avait aucunement l’excuse de croire qu’il ne comprendrait pas. Car bien que son ancienne compagne de route n’ait pas poussé le vice jusqu’à formuler une pareille idée, celle-ci hantait malgré tout l’esprit de Neven, comme une bonne excuse tout à fait déplacée, qui aurait sans doute eu le don de le faire encore plus sortir de ses gonds. Peut-être bien que face à Posy, face à cette incapacité qu’elle avait eu à lui donner une quelconque raison acceptable pour ses décisions, ses mots avaient dépassé ses pensées, mais il était trop tard pour faire marche arrière et finalement, les contraintes qu’il avait imposées à la jeune femme – et qu’il s’était imposées à lui aussi par la même occasion – auraient au moins le bénéfice de lui permettre d’aller de l’avant. Essayer plus fort encore, en tout cas. Alors que la réalité le forçait à chasser Posy de son esprit, il attrapa un tee-shirt au vol, et, sans même se donner le temps de réfléchir à qui pouvait bien rendre une visite à deux vagabonds comme Vesper et Neven, ouvrit la porte à la volée, avec toute la nonchalance que pouvait être la sienne en cette soirée. Et ç’aurait ainsi pu être n’importe qui, un voisin de palier qui avait perdu quelque chose, le gérant de l’hôtel qui venait réclamer les paiements des derniers jours, ou même Vesper, qui toquait pour une raison x ou y. Mais non, c’était Posy, ses cheveux noirs dans la nuit, son regard contrit posé sur lui, qui se tenait sur le pas de la porte. Mâchoires crispées dans une réaction presque viscérale, très ressemblante de celle qu’il avait eue plus tôt dans la journée, il la sonda un instant, peu enclin à dire quoique ce soit. Il avait pensé avoir été clair, il avait même pensé que ça arrangeait la jeune femme, normalement : au moins, elle n’avait pas de compte à lui rendre plus avant, et elle n’aurait plus eu, d’ici le lendemain, à craindre de le croiser à nouveau. Qu’est-ce qu’elle foutait ici, alors ? Cette pique assassine en guise d’accueil lui brûlait la gorge, mais elle entama la conversation avant même qu’il n’ait eu le temps de se décider à débuter les hostilités. Ce n’était pas rien, il ne put empêcher la trahison d’un vague soupir d’exaspération sortir d’entre ses lèvres ; il avait cru qu’il n’aurait plus à subir de face à face dans ce genre, qu’il n’avait plus qu’à enterrer tout ça. Si elle cherchait son regard, il le fuit aussitôt, sans demander son reste. Et il se retrouvait à ne même pas comprendre la raison de sa venue, à part prolonger des instants qu’il ne voulait plus vivre ; qu’elle non plus, ne voulait plus partager avec lui. Ce n’était pas rien et pourtant, elle s’était acharnée à lui prouver le contraire, à lui cracher toute son indifférence en pleine face, alors quoi ?! Il haussa les épaules, écartant les bras sans même tenir compte du fait qu’il n’avait toujours pas enfilé de son tee-shirt, et que la scène pouvait presque perdre un poil de crédibilité ainsi. « Eh bah, prouve-le. J’attends de voir. Une visite imprévue pour te donner bonne conscience, ça suffira pas en tout cas. » Et finalement, les verres et les verres d’alcool, la dispute avec Vesper si libératrice, tout ça s’annonçait comme ayant été inutile à chasser toute la rancœur qu’il gardait en lui. S’il n’agissait pas avec toute l’indifférence digne d’un parfait connard, il aurait presque paru sympa, alors qu’il s’écartait pour faire signe à la jeune femme d’entrer : se donner en spectacle au milieu d’une rue, ça allait bien pour une fois par jour. En la laissant s’engouffrer avec lui, refermant la porte derrière elle dans un simple mouvement du pied, il enfila son tee-shirt, retrouvant une allure à peu près descente, bras croisés, comme s’il attendait un quelconque signe de rédemption et de non-lâcheté. « J’suis sûr que tu trouveras quelque chose de plus constructif que tout à l’heure, en tout cas. » C’était difficile, terriblement difficile de retenir toutes les vagues de sarcasme, les répliques cinglantes d’ironie qui lui brûlaient les lèvres et quand bien même il s’empêchait d’aller trop loin, son attitude parlait pour lui, malheureusement.
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