FEVRIER 2006 – YORK.
Les bras croisés sur sa poitrine, elle regardait Sarah-Elizabeth, l'air sévère. L'adolescente devant elle n'avait vraiment pas l'air heureuse de l'annonce qu'elle venait de lui faire. Mais Jessilynn avait prit sa décision et il était hors de question qu'elle revienne dessus. Depuis la mort de son père, elle ne supportait plus de vivre dans leur grande maison familiale, elle avait besoin de changer d'air et elle était persuadée que c'était mieux pour sa sœur aussi. « Je n'irais pas dans l'Arizona ! Toutes mes amies sont ici ! J'ai une vie ici Jessilynn, je veux pas partir! ». Jessilynn soupira alors, depuis qu'elle était devenue la tutrice de sa sœur, elles passaient presque leur temps à se disputer. Elle était passée du rôle de sœur au rôle de mère et cela n'avait absolument rien de drôle. Bien sûr, elle avait toujours plus ou moins tenu se rôle, mais avant ça, cela avait toujours été leur père qui prenait les décisions difficiles, maintenant, elle devait le faire. Elle se passa une main sur le visage avant de la poser sur sa hanche. « Je sais bien que tu n'en as pas envie Sarabeth ! Mais j'ai trouvé un travail là bas et dans quelques temps je pourrais m'acheter mon propre restaurant ! Ce n'est quand même pas comme si je t'annonçais qu'on est fauchées et que tu devras arrêter d'aller à ta manucure tous les jours ! Des amis tu pourras t'en refaire là-bas! ». Le regard noir que lui lança sa jeune sœur lui fit mal au cœur. Elle était consciente qu'elle en demandait beaucoup à sa petite sœur, qu'elle allait changer leur vie du tout au tout. Mais à quoi bon rester dans une ville où tous les habitants vous regardent avec cet air désolé dans les yeux ? Elle n'en pouvait simplement plus. « Tu crois que c'est juste ça hein ? Tu sais quoi, je ne sais même pas pourquoi tu as accepté d'être ma tutrice Jessica-Lynn ! Tu te fiches pas mal de ta famille, c'est pour ça que tu t'es barrées en France et que tu as cessé de nous appeler ? Tu savais que papa était de nouveau amoureux? ». La colère grandit en elle à mesure que sa petite sœur parlait et elle fut incapable de retenir la gifle qu'elle lui donna. Ce n'était définitivement pas l'attitude à avoir, elle le savait bien, mais elle n'avait pas réussit à se retenir cette fois. Sarabeth n'arrêtait pas de lui reprocher ça et elle n'en pouvait simplement plus. Il n'y avait pas plus important que la famille à ses yeux, alors pourquoi sa sœur ne pouvait pas le voir ? « On part pour Scottsdale dans une semaine, que tu sois d'accord ou non, c'est la même chose ! Dwight, viens avec nous, tu ne seras pas complètement seule! ». Elle avait été un peu froide, mais elle ne savait pas comment s'y prendre avec sa petite sœur, elle ne savait pas comment faire pour arranger les choses entre elles. « Je te déteste! ». Les mots de l'adolescente la frappèrent de plein fouet, mais elle ne la retint pas lorsque celle-ci tourna les talons et partit se réfugier dans sa chambre. Rien ne serait plus comme avant.

SEPTEMBRE 2010 – SCOTTSDALE.
Plongée dans le noir de son appartement, le silence lui paraissait très lourd. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'elle attendait, là dans le noir, se forçant à rester éveillée alors qu'elle n'avait qu'une envie, aller se coucher. Mais Sarabeth était sortie et elle aurait dû entre rentrée depuis longtemps. Elle commença à taper du pied en regardant l'heure. Ce n'était pas parce que sa sœur avait enfin atteint les dix-huit ans, qu'elle avait le droit de faire tout ce qui lui plaisait. Jessilynn était toujours exaspérée quand elle se rendait compte ô combien sa sœur était différente d'elle. Lorsque la porte de son appartement s'ouvrit enfin, elle se retrouva d'un bon sur ses pieds, se dirigeant aussitôt vers l'entrée. Elle n'avait plus que Sarabeth comme famille, alors oui, elle était peut être un peu trop protectrice et étouffante, mais elle ne savait pas comment faire autrement. Elle se planta alors devant la jeune femme, visiblement bien alcoolisée. « T'étais où? ». A une fête bien entendu, ça Jessilynn le savait très bien, mais elle voulait plus de précision. Avec qui ? Qu'est-ce qu'elle avait fait. Les bras croisés sur son ventre elle regardait sa sœur sévèrement. « C'est pas tes affaires, laisses moi! ». Mais l'aînée ne le voyais pas du même œil, elle attrapa le bras de sa sœur et la tira vers le salon, où elle alluma enfin la lumière. « Quand est-ce que tu vas arrêter tes conneries hein ? Quand est-ce que tu vas enfin grandir et arrêter de sortir tous les soirs, pour faire Dieu sait quoi ! Tu ne vois pas que j'ai peur pour toi Sarabeth? ». Le regard que lui lança alors sa sœur lui glaça le sang un instant. Il était noir et la colère y était visible. Dieu qu'il était loin le temps où elles s'entendaient si bien ! Le temps où Sarabeth prenait exemple sur elle. Elle lâcha le bras de sa sœur en soupirant. « Tu es sûre que tu as peur ? Tu ne serais pas plutôt jalouse ! Parce que moi je profite de la vie ! Parce que je m'envoie en l'air avec le premier venu alors que toi t'es encore vierge à 26 ans ! Parce que tu ne te rend même pas compte que Dwight est dingue de toi! ». Et pour la deuxième fois de toute sa vie, Jessilynn fut incapable de retenir la gifle qu'elle donna à sa sœur. Parce que tout ce qu'elle venait de dire était vrai. Un part d'elle était jalouse de la vie que sa sœur avait. Ô, c'était un choix de se préserver jusqu'au mariage, seulement elle avait pensé qu'elle se marierait à la fin de ses études, avec un gentil garçon qu'elle aurait rencontré en France. Ses projets avaient été troublé, elle avait dû élever sa sœur et elle n'avait jamais trouvé ce fameux garçon qui changerait sa vie. Parce que Sarabeth avait tord, Dwight n'était pas fou d'elle. Elle soupira avant de tourner les talons et d'aller dans sa chambre.