« Tu pars à la fac alors ? La maison va être un peu plus normale du coup. » Il leva les yeux au ciel, il n’adressa même pas un regard à sa sœur cadette, il ne pris même pas le temps de lui répondre. L’ignorant tout simplement comme il avait si bien appris à le faire. Elle avait toujours parfaitement profité de la situation du regard que le reste de la famille avait de son frère pour tirer la situation à son avantage. Elle était parfaite elle. Intelligente, sociale, extravertie, la perfection selon les Pendleton. Elle se plaisait à croire qu’il l’a jalousait, complexe de la gamine à qui on répète bien trop souvent qu’elle est parfaite. Mais c’était absolument faux. Il s’en fichait bien qu’elle semble parfaite aux yeux du reste de la famille. Pour lui, elle n’était qu’une pauvre fille pourrie gâtée qui se comportait comme une petite princesse et ça finirait par se retourner contre elle, un jour, elle paierait les conséquences de son comportement et à ce moment là, Gabriel pourrait presque s’en réjouir. Quoi qu’il était surement trop gentil pour ça et si elle venait pleurer chez lui, il se sentirait obligé de l’écouter et de la soutenir. Enfin, au moins l’espace de quelques secondes, il s’en réjouirait. « Tu m’ignores ? » Encore une fois, il ne répondit rien. Après tout à cette question, la meilleure réponse n’était pas un oui audible mais bel et bien un grand silence qui en disait bien long. « T’es vraiment nul des fois. » C’était l’hôpital qui se fichait de la charité, mais encore une fois il se contenta de l’ignorer. Elle détestait ça, alors forcément, c’était un vrai plaisir que de l’ignorer complètement. Finalement elle poussa un long soupire rageur avant de sortir de la chambre de son frère en claquant la porte. Lui, il laissa échapper un soupire de soulagement alors qu’un large sourire se dessinait sur ses lèvres.

Un soupire s’échappa de ses lèvres alors que la sonnette de sa porte d’entrée venait de retentir dans son appartement, le coupant dans sa lecture. Il posa rapidement son livre avant de se lever pour aller ouvrir la porte, sans même prendre le temps de regarder à travers le judas de qui il pouvait bien s’agir. Évidemment, ce fut une véritable surprise de vois sa sœur cadette sur le seuil de sa porte. « Génial. Qu’est-ce que tu veux ? » Un peu trop froid sans doute. Il n’y pouvait pas grand-chose, après tout elle lui avait mené la vie dure pendant tout le temps qu’il avait passé chez ses parents alors il n’allait pas l’accueillir avec un grand sourire et un gros câlin. Elle baissa les yeux vers le sol, l’air gênée. « Je voulais te dire que j’étais désolée de ce que je t’ai fais. » Il haussa les sourcils, ne comprenant pas forcément l’idée. Les excuses lui avaient toujours parues abstraites. C’était facile après tout de dire ‘je suis désolé’ à tout va sans le penser une seule seconde. « Ha. » drôle de réaction sans doute, en même temps après quelque chose genre quinze ans, c’était bizarre qu’elle se pointe ici pour s’excuser d’avoir était la pire sœur au monde. « Je sais que tu dois penser que c’est absurde de venir m’excuser après tout ce temps et je m’attends pas à ce que tu me pardonnes en un claquement de doigts, mais c’était un effort que je voulais faire. » Elle releva les yeux vers lui avec un sourire qui semblait presque sincère. Bien que masqué par un teint terne et morose. « Est-ce que tout va bien ? J’ai jamais été doué avec les gens, mais je sais reconnaitre quand quelqu’un est au fond du trou … Entre. » Elle parut surprise de la réaction de son aîné, ne s’attendant de toute évidence pas à être reçue de la sorte, bien au contraire. « On a tous quelques problèmes Gabriel, je veux pas t’embêter avec ça. » Il haussa les épaules, l’invitant à s’assoir à la table de son salon, elle s’exécuta, il s’assit en face d’elle. « Maman à toujours pensé que j’étais bizarre, que j’allais pas bien, parce que j’étais pas l’enfant qu’elle voulait. Je n’aimais pas jouer avec les autres, je ne savais pas comment réagir face à autrui, mai à côté de ça j’ai souvent été qualifié de surdoué ce qui me rendait encore plus bizarre. J’avais l’impression d’être seul et franchement ça ne me gênais pas. Mais un jour, j’ai rencontré une fille et elle a changé ma vision des choses. Elle a été d’une plus grande aide que tous les psys que maman m’a emmené voir quand j’étais gamin. J’avais juste besoin que quelqu’un comprenne que j’étais normal et pas complètement malade. Et un jour, elle est partie. Elle a fini par trouver quelqu’un d’autre et j’arrive pas à me faire à l’idée que le reverrait probablement jamais. Ça me ronge, ça me fais du mal jour après jour alors que ça fait un bien un an que je l’ai pas vue. Je dis pas ça parce que j’ai une envie soudaine de raconter ma vie. Juste que je suis ton frère malgré tout et maintenant que tu es venue ici je peux pas te laisser partir dans cet état et que je peux sûrement te comprendre. » Au fond, il n’avait aucune raison de proposé son aide à la fille qui avait fait de sa vie un enfer. Peut-être qu’il était juste trop gentil. « Je suis désolée Gabriel. Cette fille a eu tord de partir. Tu vaux sans doute mieux qu’elle, mieux que moi. J’ai toujours cru que la vie m’offrirais tout ce que je désirais, c’est ce que maman disait. Elle avait tord. J’ai juste, fait trop d’erreur alors aujourd’hui j’ai tout perdu. J’ai raté mes études, je suis tombée enceinte d’un imbécile et finalement, on m’a retiré mon enfant parce que je buvais trop. J’ai vingt-sept ans et ma vie est déjà catastrophique. Mais j’ai décidé de me reprendre en main. Je veux récupérer ce qu’on m’a pris. » Un léger sourire compatissant apparu sur les lèvres du jeune homme. Pas qu’il se réjouisse des malheurs de sa sœur, il avait toujours pensé que ce serait le cas, que quand elle irait mal, lui, ça lui ferait du bien. C’était faux. « Les excuses, c’est une des étapes de guérison d’après les alcooliques anonymes ? » Elle pris une moue gênée et pinça les lèvres tout en fixant son frère. « Ouais. C’est vraiment nul de ma part non ? » Il haussa les épaules s’enfonça contre le dossier de sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine. « Non. J’apprécie le geste. Ça montre que tu as conscience de ne pas avoir été une sœur exemplaire, sinon tu ne m’aurais pas mis dans la liste des personnes à qui présenter des excuses. Je suis désolé de ce qui t’arrive. Vraiment. Je sais pas ce que ça vaut, les excuses, les pardons, ça a toujours été une notion floue pour moi, mais je te pardonne. » Elle lui adressa un sourire alors qu’il s’était redressé sur sa chaise pour serrer sa main dans la sienne. Son regard se posa sur leurs mains, et il ne pu s’empêcher de laisser s’échapper un soupire mélancolique, se rappelant de ce même geste effectué par Maeve quand elle avait mis un terme à leur histoire.