DECEMBRE 2000 – YORK.
Elle se tenait bien droite dans sa longue robe bleue, celle qui faisait ressortir ses yeux. Se long cheveux tombaient en cascade sur ses épaules et elle avait un sourire collé sur les lèvres. En l'honneur de ses seize ans, qu'elle fêterait au 31 décembre, son père lui avait organisé un bal, regroupant tous les membres de la haute société de York. Ô elle avait rêvé de ce moment lorsqu'elle était petite fille, mais aujourd'hui, elle aurait donné beaucoup pour ne pas être ici. L'absence de sa mère était trop forte. Mais cela n'avait pas d'importance, elle gardait le sourire et prétendait que tout allait bien. Ce qui lui remontait le moral, c'était de voir Sarah-Elizabeth rire aux éclats alors qu'elle dansait avec un de ses camarades. Elle enviait parfois l'innocence de sa petite sœur. Elle ne réagit pas quand une main se posa sur son épaule, se contentant de garder le regard posé dans le vide. « Tu es consciente que tu es sensée danser le jour de ton bal Jessie? ». Elle tourna alors la tête vers Dwight, son meilleur ami, le seul à l'appeler Jessie et non Jessilynn. Elle soupira légèrement quand il lui tendit la main. C'est plus par obligation qu'elle la lui prit et qu'elle le laissa la guider sur la piste de danse. Elle n'avait pas envie de danser, tout comme elle n'avait aucune envie d'être ici, mais elle sauvait les apparences, pour son père. « On pourrait s'évader discrètement. Maintenant que tout le monde t'as vu danser au moins une fois, cela n'a plus d'importance, pas vrai? ». Elle lui adressa un sourire, sincère cette fois. Ce n'était pas pour rien qu'il était son meilleur ami, il la connaissait mieux que personne et n'était pas comme ses autres fils de riches pour qui respecter les traditions était si important. Ce qui en soit était assez paradoxale, parce que les traditions étaient plus qu'importante pour elle, seulement elles lui rappelaient que trop bien l'abandon de sa mère. « Bien que ta proposition soit tentante, je ne peux pas l'accepter, tu le sais bien. ». Il haussa alors les épaules en signe de désappointement. Il n'insisterait pas, il savait que trop bien que cela ne servait à rien, que la seule personne qui aurait pu la convaincre de sortir en douce s’appelait Sarah-Elizabeth et qu'elle était bien trop occupée à s'amuser de son côté. « Comme tu voudras, mais il va falloir travailler sur ton sourire Jessie, tu ne trompes personne. ». Elle lui marcha alors volontairement sur le pied, histoire de lui faire comprendre qu'elle ne le laisserait pas l'insulter de la sorte. Elle était devenue une experte en sourires forcés, il n'avait pas à en douter. Il se contenta de grimacer, cachant par la suite un léger sourire. « Et dire que tout le monde te pense adorable... Ils ne te connaissent pas aussi bien que moi. ». Cette fois, elle leva les yeux au ciel, il n'avait pas tord. L'image de la petite fille parfaite qu'elle portait n'était pas toujours très exacte. Ô bien sûr celle ne faisait pas partie de ses filles toujours collée aux lèvres d'un garçon, habillée comme le serait une prostitué et qui tomberaient enceinte avant la fin du lycée, mais elle avait à sa mesure un certain caractère. « Je suis adorable ! C'est juste que tu fais ressortir mon mauvais côté. ». Ils échangèrent un regard avant d'éclater de rire tous les deux. Dwigth remit alors une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. « Pas tant que ça finalement. ». Elle fronça les sourcils, pas certaine de comprendre de quoi il pouvait bien parler. Jessilynn était bien trop aveugle pour se rendre compte des sentiments que son meilleur ami avait pour elle. Elle était bien trop aveugle pour voir que la seule qu'il regardait vraiment c'était elle et qu'il aurait aimé qu'elle soit un peu moins... Coincée. Le mot était certainement le plus juste. Le cours de ses pensées fut interrompues lorsque son père arriva auprès d'eux et qu'il demanda à danser avec elle. Dwight fut visiblement agacé, mais il ne dit pas un mot et laissa sa place. Jessilynn elle se força de nouveau à sourire, elle devait faire en sorte que son père soire fier d'elle.

DECEMBRE 2005 – YORK.
Assise sur le canapé de cette grande maison, les larmes coulaient le long de ses joues. Deux ans, elle était partie deux ans étudier en France, avait prévu d'y rester au moins deux années de plus, mais au lieu d'une belle expérience, elle venait de se rendre compte de tout ce qu'elle avait perdu pendant ces deux années. Un coup de téléphone, c'était ce qui avait suffit à changer sa vie du jour au lendemain. Le silence de la grande demeure la ramenait douloureusement au souvenir du jour où sa mère l'avait abandonnée, mais ce jour là, elle n'avait pas pleuré. Elle essaya d'effacer les larmes sur ses joues, mais cela ne servait à rien, parce que d'autres venaient toujours prendre leur place. Son père était mort dans un accident de voiture stupide. Combien de fois lui avait-elle dit de ne pas prendre la voiture lorsqu'il neigeait ? Mais elle n'avait pas été là pour l'en empêcher cette fois et une partie d'elle se sentait responsable de cette mort. Mais elle devait garder le cap, rester forte, parce que sa petite sœur de douze ans avait besoin d'elle maintenant. Des bruits de pas lui firent tourner la tête et elle pu voir Dwight lui apporter un assiette et un verre de lait. « Sarabeth m'a dit que tu n'avais pas mangé. Je sais que tu veux prendre soin d'elle, mais tu dois penser à toi un peu. ». Il déposa alors l'assiette et le verre sur la table basse avant de s'asseoir auprès d'elle. Il n'avait pas tord et elle le savait. Elle regarda alors les deux tranches de pain et les œufs qu'il venait de lui apporter. Il eu alors un regard désolé qui lui provoqua presque un sourire. « Il n'y a que ça que je sais cuisiner. ». Elle posa alors tendrement sa tête sur l'épaule de son meilleur ami. Elle se savait chanceuse de l'avoir encore à ses côtés. Pourtant, cela avait quelque peu dégénéré entre eux quand elle était partie. Lui pensait qu'elle cherchait à s'éloigner de lui et elle ne comprenant pas pourquoi il réagissait ainsi. Mais ils avaient fini par arranger les choses et dans un moment comme celui-ci, elle en était plus qu'heureuse. « J'aurais dû être là Dwight. ». Elle avait la voix tremblante et faible. Elle se reprochait sincèrement d'être partie pour suivre son rêve et d'avoir abandonné son père, comme l'avait fait sa mère quelques années plus tôt. « Ça n'aurait rien changé tu sais. Et non Jessie, tu n'es pas comme ta mère, tu avais toujours prévu de rentrer. Alors arrête de te rendre responsable de la mort de ton père, tu n'y es pour rien. ». Elle le détestait, elle le détestait de la connaître aussi bien, de savoir ce qu'elle pensait sans même qu'elle n'ait à le lui dire. Elle le détestait parce qu'il connaissait chacune de ses faiblesses et Jessica-Lynn Mayfair n'était pas connue pour laisser les gens voir ses faiblesses. « Tu me promets que tu seras toujours auprès de nous ? Quoi qu'il arrive ? J'ai perdu ma mère, maintenant mon père, je ne crois pas que je pourrais te perdre toi aussi... ». Elle le regarda presque suppliante alors qu'il lui prit la main. « Je te promet Jessie. Quoi qu'il arrive, je serais toujours là ! Même si tu déménages à l'autre bout du pays, je te suivrais ! Je t'aime tu sais. ». Elle lui répondit un faible je sais, mais la vérité, c'est qu'elle n'avait aucune idée de combien Dwight l'aimait et pas seulement comme une amie.

DECEMBRE 2012 – YORK.
U.C.