« Je peux vous aider peut-être? » Quelque peu surpris, Maxence regarde la jolie blonde confortablement installée à son bureau- sans gêne, aucune. Bien-sûr, il sait qui c'est. Qui dans la boîte ne connait pas Shae, la fille aînée du grand patron? Cette blonde superficielle qui se ballade toujours avec ses airs de petite princesse dans l'entreprise. « Et vous, vous êtes? » Une sourcil interrogatif levé, elle le regarde avec une réelle interrogation dans les yeux. Interrogation qui ne manque pas d'énerver le jeune-homme. Cette fille ne manque vraiment pas d'air. « Le propriétaire du bureau auquel vous vous êtes attablée. D'ailleurs, sans vouloir vous offenser, j'ai du travail. » Accompagnant sa phrase d'un geste de la tête en la direction de la demoiselle, il tente de lui faire comprendre qu'il voudrait qu'elle quitte son bureau. Ce qui a pour résultat de la faire rire, moqueuse. Le rire de Shae est généralement contagieux, mais là il ne fait que rendre Max mal à l'aise. Il n'aime pas être l'objet de plaisanterie, et surement pas venant de filles comme elle. Mais, il n'a pas le temps de le lui faire remarquer, car déjà elle se lève et s'approche de lui. Tout près. Beaucoup trop près pour une conversation normal. La tête légèrement penchée sur le côté et un petit sourire mutin aux lèvres, elle l'observe. Ça le rend nerveux; mais il tente de ne rien en montrer. « Vous êtes bien trop poli et coincé pour votre propre bien monsieur l'assistant de mon papa. Je ne faisais que chercher ce dernier d'ailleurs, mais il n'est visiblement pas dans les locaux. Tant pis, et merci quand même beau brun. » Là voilà qui repart déjà en rigolant- non sans avoir lancé un dernier clin d’œil à son interlocuteur. Comme une dernière taquinerie.

Shae t'a remarqué, ça y est. Et toi, tu ne sais pas si tu dois être heureux ou vexé. Ce qui est sûr, en touts cas, c'est que tu es exaspéré par cette fille. Cette fille que tu as remarqué dés ton arrivée dans la boîte, trois années plus tôt. Cette fille que l'on t'a directement conseillé d'oublier. Cette fille "trop bien" pour toi qui se sent supérieure à tout le monde. Oui, cette fameuse fille dont tu ne supportes ni le comportement ni les manies, mais qu'au fond tu n'as jamais su virer de ton esprit. Elle a souvent occupé tes pensées, comme une idée parasite ne voulant pas disparaitre. Apparaissant à des moments incongrus, t'obligeant constamment à la comparer à toutes les autres filles que tu croises. Elle représente tout ce que tu détestes, tout ce que tu fuis; et pourtant aucune autre ne trouve de grâce à tes yeux. Et maintenant, elle t'a remarqué, pour de vrai. Bizarrement, tu n'en es pas vraiment heureux au final. Peut-être l'as-tu trop idéalisée? Surement. D'ailleurs prépare-toi, parce que, ce que tu ne sais pas encore, c'est que maintenant tu es devenu un centre d'intérêt pour elle. Te taquiner à longueur de journée va l'amuser. Beaucoup même.


« Qu'est-ce que tu fous ici Shae?» Depuis le pas de sa porte, Maxence observe la blonde qui lui fait face, méfiant. La jaugeant de haut en bas, il peut voir qu'elle a pleuré. Et, bien qu'il ne lui accorde que peu de crédit en temps normal, le jeune homme ne peut s'empêcher de sentir une pointe d'inquiétude poindre en lui. Il a toujours été comme ça: à s'inquiéter pour un oui ou pour un non et à faire attention aux autres. L'exact opposé de son interlocutrice, somme-toute. « Papa m'a mise à la porte...» Elle a l'air vraiment misérable en cet instant à baisser le regard de la sorte et à ne cesser de se triturer les doigts nerveusement. A dire vrai, elle n'a aucune fichtre idée de ce qu'elle fait sur le pas de la porte de Maxence. Pourquoi lui entre toutes les personnes qu'elle connait? C'est un mystère. Il aimerait lui faire remarquer, lui, d'ailleurs. Lui demander si elle n'a pas des amis plus "fun" que lui à aller voir. Il aimerait lui fermer la porte au nez, à cette insupportable gamine. Mais il ne peut pas. Une fois encore, sa gentillesse reprend le dessus. Il soupire, désespéré par Shae. Mais aussi par lui-même, au fond. « Entre. Mais juste pour ce soir. J'espère que tu as faim, j'allais tout juste me mettre à table pour dinner.» Et sur cette simple phrase, il s'écarte; invitant ainsi Shae à pénétrer dans son appartement. Pour ce soir... Oui, juste pour ce soir.

Trois semaines. Trois semaines que Shae squatte ton appartement. Elle te rend la vie impossible, encore plus qu'avant. Cette fille est un désastre ambulant. Elle ne sait pas quoi faire de sa vie et ne sait aucunement se servir de ses dix doigts. Elle vit sur ton dos. Toi qui te montres bien souvent beaucoup trop gentil avec elle. Elle ne range jamais rien, rajoute son grain de sel là où il ne faudrait pas. Mademoiselle a toujours son mot à dire, même sur ta relation à distance avec Emily. Emily qu'elle ne semble pas supporter d'ailleurs. En même temps, personne ne semble trouver grâce aux yeux de cette fifille à papa déchue. Cette gamine pourrie gâtée qui met le bordel dans ta vie, dans ton appartement et qui n'est même pas foutue de te remercier, s'excuser ou de tâcher de se faire la plus petite possible. Pire, elle te cherche, te taquine constamment. C'en est parfois même indécent. Cela semble l'amuser, beaucoup. Comme toujours. Et toi, tu subis... Pourquoi? Combien de fois n'as-tu pas pensé à faire comme son père et à la foutre à la porte? Combien de fois t'es-tu retenu de la secouer comme un prunier pour lui remettre les idées en place? Mais rien n'y fait, elle a toujours le dernier mot avec toi. Ça te met hors de toi, cette incapacité que tu as a vraiment t'énerver contre elle, alors que tu as toutes les raisons du monde de l'être. Qu'a-t-elle donc de si spécial qui arrive à te toucher à ce point? Peut-être est-ce cette naïveté qu'elle garde au fond du regard? Cette façon aussi qu'elle a de te faire rire parfois, dans toutes sortes de situations incongrues? Ou simplement as-tu un truc pour les causes perdues d'avance? Parce que concrètement, et contrairement à ta chérie, Shae est une cause perdue. Une vraie catastrophe ambulante qui met ta vie sans dessus-dessous. Mais qu'elle prenne garde à ne pas pousser le bouchon trop loin, parce que même toi tu as des limites.